Une chasse au lion ?"....L'enceinte occupait un espace de terrain immense ; aussi plusieurs
heures s'écoulèrent à exécuter ces diverses manoeuvres. Nous attendions depuis
longtemps déjà, et le plus grand silence régnait sur la montagne et dans le vallon,
lorsqu'un coup de feu isolé, lointain, vient tout à coup faire battre notre coeur à
tous et dresser l'oreille à nos chevaux; quelques coups clairsemés lui succèdent, puis
un bien long silence encore. Mon fusil dans les mains, le doigt sur la détente, retenant
mon souffle, j'écoute et mes yeux cherchent à percer l'épaisseur du fourré. Iles cris
sauvages retentissent sur la hauteur, redoublent, se rapprochent, puis un feu très vif et
comme un feu de peloton. Mon compagnon me fait voir des cavaliers lancés à fond de train
qui se replient sur nous et des points noirs qui semblent fuir devant eux ; nous chargeons
de notre côté en resserrant le cercle, et, galopant au travers des roseaux, des
lentisques et des ronces, nous tombons au milieu d'une bande de sangliers qui ne pavent
où donner de la tête. Ce furent alors des hourras, des hurlements, une fusillade à en
devenir sourd, une mêlée à ne plus rien connaître : les uns achèvent une bête
blessée qui s'accule et fait fort; l'autres s'acharnent à la poursuite des fuyards ;
tous courent, crient, brûlent de la poudre. Lorsque enfin on peut y voir un peu clair, on
se met à compter les morts ; tant dans le massif, tant dans la plaine : total,
vingt-deux. Nous vîmes arriver un groupe de cavaliers qui avaient occupé des postes
éloignés du centre de l'action. Ils nous dirent qu'ils avaient aperçu le lion, que des
cris et des coups de feu avaient fait sans doute débucher..." - Extrait du livre "Bombonnel le tueur de panthères" - LIBRAIRIE HACHETTE ET CIE - 1910 |
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Un hallali dramatique. - Extrait du Journal des Chasseurs, cette histoire est narrée par Bombonnel lui-même, intrépide chasseur de Dijon Nous laisserons parler notre veneur qui, dans une lettre de félicitations à son armurier sur la bonté de ses armes, lui raconte ainsi, sans prétention littéraire, tous les incidents pathétiques de ce drame : "Le 21 février dernier, je suis allé faire une partie de chasse dans les bois de Chaignay [canton d'Is-sur-Tille). J'avais fait faire le bois le matin par un garde qui n'avait remis un sanglier d'environ trois cents livres. J'avais avec moi quatre compagnons de chasse et quatre chiens seulement ; nous nous postâmes, et immédiatement je fis découpler sur le pied. L'animal fut lancé presqu'aussitôt avec vigueur ; je suivis la chasse pendant. riant prés de deux heures : mais comme il faisait beaucoup de vent, les autres tireurs ne tardèrent pas à la perdre. Mon sanglier, fatigué, finit par faire tête. J'arrive, je lui envoie une balle dans la hure ; il reprend sa course comme de plus belle, et me voilà bien étonné, une heure après, de le voir quitter le bois pour entrer tout droit dans le village de Dienay. Arrivé là, il pénètre dans une cour dont les habitants, assez surpris de sa visite, le reçoivent à grands coups de bâton ; peu flatté de cette réception, il s'empresse de ressortir, gagne la rivière où il se jette, ainsi que mes chiens et alors, suivant le fil de l'eau, en nageur habile et expérimenté, le voilà donnant tics leçons de natation à la meute acharnée qui le poursuit. Lorsqu'il voyait les chiens d'un côté, mon gaillard passait de l'autre, et vice versa. Il fit ce manège pendant une grande lieue, moi à pied le suivant toujours des yeux à trois cents pas de distance. |
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Mais que rencontre le compère au bout de la rivière ? la petite ville d'Is-sur-Tille où il entre comme s'il se rembuchait au bois, mes chiens le chassant dans le milieu de la ville comme s'ils chassaient en pleine forêt. Je vous laisse à juger la satisfaction indicible qu'éprouvait en ce moment mon amour-propre de chasseur ! Arrivé dans le centre d'Is sur Tille, le sanglier se jette dans une cour, puis pénètre tête basse dans la boutique d'un maréchal dont il culbute les outils et l'enclume ; le maréchal se sauve en criant un beau diable : Un couchon enragé ! un couchon enragé! Tout le monde se rassemble et arrive, celui-ci avec une fourche, celui-là avec une pioche, un autre brandit un marteau ou une hache, et alors s'engage un combat sanglant entre les assiégeants et l'assiégé. Chargé par la foule, le sanglier charge à son tour, déchire quantité de fonds de culottes, renverse une douzaine de personnes, blesse plusieurs individus dont un nommé Chambellan très grièvement, puis passe par une fenêtre, prend un escalier et monte jusque dans un grenier où il est enfin achevé au grand contentement de tous les habitants de la ville. Il a été fort heureux pour eux et pour mes chiens, d'avoir eu affaire, dans cette circonstance, à un gros sanglier miré, par conséquent mal armé et bien moins dangereux qu'un ragot." | |
Cette anecdote est reprise également dans "LES CHASSES AU SANGLIER "- Lanorville - " ... Le célèbre destructeur de panthères, Bombonnel, qui était bourguignon et grand chasseur de sangliers nous rapporte un autre fait du même genre : «J'ai fait des chasses au sanglier, écrit-il, qui ne manquaient pas d'intérêt, notamment celle où j'ai conduit jusqu'au centre de la ville d'Is-sur-Tille une bête de deux cents qui est venue se rembucher dans le grenier d'un maréchal-ferrant.». | |
Charles Laurent BOMBONNEL, cet aventurier dijonnais a consacré une grande partie de sa vie à la chasse à la panthère mais aussi au sanglier en Côte d'Or natamment. |
Yves Cléon, un passionné de cet étonnant personnage, vous invite à suivre la piste de cet aventurier au travers de son livre "BOMBONNEL, aventurier dijonnais" Editions Néo - Tel 03 80 45 30 77. |
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